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Demo de Yedlin - JUILLET / SEPT 2015

www.yedlin.net/DisplayPrepDemo

Traduction:

Bonjour

Je m'appelle Steve Yedlin.

Je suis chef-opérateur et j'ai filmé cette démonstration pour comparer la pellicule 35 mm et l’Alexa, la caméra numérique ARRI, dans des conditions de lumière choisies, 

représentatives des situations différentes et nuancés, que l'on est susceptible de rencontrer dans la cinématographie. 

Cette démo est différente des autres comparaisons que je connais à plusieurs titres.

Tout d'abord, de nombreuses comparaisons revendiquent une impartialité impossible à obtenir. Celle-ci ne prétend pas être impartiale. 

L'intention derrière cette démo est clairement affichée et je serai transparent sur cette intention et les techniques que j’ai employées pour y arriver.

Deuxièmement, de nombreux formats de tests sont construits sur la certitude que les formats mis en comparaison ont chacun un “look” inhérent et que le but premier du test est de définir le “look” en question.

Je pense qu’il est problématique de construire un test sur cette hypothèse.

Et je considère que l’hypothèse elle-même ne devrait pas être admise sans avoir été remise en cause.

Je pense qu’il serait plus prometteur de partir d’un modèle où l’on considère la caméra comme un simple dispositif servant à recueillir des données et le soi-disant “look” comme simple résultat de la manière dont les données sont préparées pour le visionnage.

Mais je mettrai à l'épreuve ce modèle plutôt que de faire des suppositions.

Les recommandations du fabricant concernant cette préparation ne constituent qu'une des nombreuses possibilités et ne sont pas une caractéristique inhérente de cet outil de captation de données.

Aborder la création d’images en présupposant qu'un format de caméra a un rendu intrinsèque est un piège.

Car persister à croire que le rendu est inhérent au format signifie que vous ne faîtes rien pour le contrôler.

Et cela signifie que vous ne prenez pas le contrôle des multiples variables paramètrables.

Vous considérez que vous avez une seule option possible pour le traitement de vos images.

Et vous supposez que vous n’avez pas la main dessus.

Tandis que Je suis convaincu que les caméras ne sont pas les mêmes, cependant je pense que les différences principales sont d'ordre technique, et non esthétique. 

Quel niveau de bruit il y a, quelle est sa sensibilité à la lumière, quelle plage de contraste peut-elle supporter?

Collecte-t-elle les données chromatiques de manière subtile et cohérente et à quel point?…

Des choses de ce genre.

Si une caméra enregistre suffisamment d'informations, le bon type d'informations, vous pouvez les préparer comme bon vous semble pour obtenir le rendu désiré.

Vous n'êtes pas coincé avec des caractéristiques imposées mystérieusement de l’extérieur.

A l'ère argentique, on a pu avoir l'impression que le format d’acquisition avait un look inhérent.

Mais c'était parce qu'il n'existait qu'une méthode disponible de préparer le film au visionnage. 

On développait le négatif et on tirait une copie.

Bien entendu, on pouvait pousser un peu le développement ou choisir parmi les émulsions disponibles mais c'était à peu près toute la flexibilité sur laquelle on pouvait interagir.

Les étapes de préparation au visionnage disponibles étaient si restreintes qu’on avait l'impression que toute la chaîne d’acquisition d’images avait un look intrinsèque. 

A l'heure actuelle, lorsque la préparation pour le visionnage est faite de manière numérique au lieu de chimique, les données acquises par la caméra peuvent être traduites pour être présentées comme vous le souhaitez.

Ou peut-être, comme c'est souvent le cas, comme vous ne le souhaitez pas, si vous ne maitrisez pas la préparation.

Les multiples options de préparation dans la chaine d’acquisition d’image numérique peuvent être source de danger autant que d’opportunités.

Mais si vous savez ce que vous voulez après avoir effectué des test contrôlés et que vous êtes en mesure de le décrire de manière assez précise pour le transcrire en expression mathématique, vous pouvez obtenir n’importe quel aspect désiré dans le cadre des donnée images collectées.

Pour ce faire, il est bien sûr nécessaire d’isoler les variables et de contrôler le signale.

Bien qu’il existe de nombreux aspects contemporains, personnellement, j’aime vraiment l’esthétique ou la méthode de préparation traditionnellement associée à la pellicule. Un négatif de caméra classique et tirage d’une copie positive.

Vous vous demandez peut-être pourquoi, si la nouvelle technologie permet d’obtenir n’importe quel style, je préfère la vieille méthode qui était l’unique option. 

Je ne sais pas, je l’aime bien, tout simplement. Je manque peut-être d’imagination. Mais je trouve que c’est très beau et que les teints de peau sont très complexes. Kodak et d’autres ont travaillé sur cette méthode classique pendant 100 ans et je trouve que le travail qui a été fait a énormément apporté à la richesse cinématographique.

Je pense également qu’à l’heure actuelle, presque aucun de ceux qui tournent en numérique n’arrivent à obtenir un aspect “pellicule”, que ce soit par choix ou en raison des circonstances. 

En fait, je pense qu’aujourd’hui, même de nombreux films tournés en argentique ont tendance à présenter plutôt un esthétique traditionnellement associé avec la capture numérique.

Bref, j’adore le look résultant d’un tournage en film, avec tirage de copie argentique.

Donc pendant plus de 10 ans, de manière empirique, j’ai développé ma propre analyse des caractéristiques de réaction des émulsions et j’ai également élaboré mes propres algorithmes pour que la préparation des caméras numériques simule de manière cohérente ces caractéristiques visuelles.

Donc le but de ce test est de vous convaincre que je peux utiliser les méthodes mathématiques que j’ai conçu pour préparer des images numériques afin de simuler les caractéristiques “filmiques” de la pellicule.

Dans cette démo qui montre des images filmées avec l’Alexa à côté d’images filmées sur pellicule, on ne prétend pas que les images sont littéralement identiques en tous points, à l’évidence, elle ne le sont pas, comme vous pouvez le constater, mais plutôt que la réaction argentique a été suffisamment bien définie et imitée dans les images Alexa pour que ni la pellicule ni l’Alexa semble plus filmique que l’autre. 

Qu’une grande partie du look est imputable à la préparation des données et non au format d’acquisition.

En essayant de mener à bien ma démonstration, je me suis octroyé la liberté d’utiliser toutes les techniques que j’ai acquises pour simuler la réaction complexe de l’argentique, y compris la courbe des couleurs et la structure du grain. 

Bien que d’un côté, je me sois octroyé cette liberté, de l’autre côté, il y a une liberté que je ne me suis pas permis de prendre. 

Et c’est peut-être le trait principal de ce test. Je me suis interdit d’adapter la préparation de la vidéo tournée à l’Alexa à ces plans en particulier. 

Si vous avez l’intention de tourner un vrai film et non un test comme celui-ci avec l’Alexa et que vous souhaitez obtenir un aspect traditionnel, vous ne disposerez pas d’images avec exactement les mêmes plans pour vous y référer. 

Par conséquent, je n’ai pas utilisé les images pellicule comme référence ici.

J’ai à peine préparé les images à l’Alexa, exactement comme je le ferais si j’appliquais mon simulation de pellicule habituelle sans élément de comparaison à côté. 

De plus, j’ai utilisé la même version de cet algorithme sur tous les plans tournés à l’Alexa, n’ont été effectuées aucune adaptation plan-par-plan.

Uniquement la même transformation mathématique appliquée à tout.

La même que j’utiliserais s’il n’y avait pas d’élément de référence.

C’est l’essentiel de ce test, donc maintenant, juste quelques remarques.

Tout d’abord étant donné que vous visionnez ces images en numérique et non en projection argentique, la pellicule elle-même, un peu comme avec l’Alexa, a aussi été préparée pour le visionnage dans le but d’imiter aussi fidèlement que possible l’aspect qu’il aurait eu si on avait projeté une copie positive.

Deuxièmement, bien que les aspects complexes tels que la courbe de couleurs et la réponse chromatique n’aient pas été ajustés avec un élément de référence à côté, à la fin du processus, le film tourné sur pellicule et celui tourné à l’Alexa ont subi une étape de correction chromatique plan par plan où les deux films étaient juxtaposés afin d’y apporter la touche finale.

Cependant, ces corrections étaient clairement limitées à la balance des couleurs général et à la luminosité, ces modifications n’interféraient pas avec les propriétés complexes de la simulation d’images sur pellicule.  

Donc cette touche finale démontre que la simulation de la pellicule peut supporter l’étalonnage, qu’elle n’est pas limitée à un travail sur une unique couleur ou un seul réglage de densité et qu’elle ne se délite pas lorsqu’on y fait des ajustements.

OK, voilà pour mes remarques, donc maintenant, pour résumer:

On a une pellicule à côté d’un film Alexa.

Filmé dans les mêmes circonstances et avec les mêmes objectifs.

Chaque format a été préparé pour la projection afin de coller au mieux aux propriétés d’un enregistrement argentique et d’une copie positive.

Mais surtout, chacun des deux formats a été préparé séparément par rapport à son look, en fonction de données empiriques et non d’une référence subjective pour ces plans en particulier.

Puis, seulement une fois le look complexe appliqué, j’ai ajouté un peaufinage des couleurs limité à une balance des couleurs globale.

Ok, voilà.

Je voulais également remarquer que les deux formats sont présentés de manière désordonnée afin que, si vous le souhaitez, vous puissiez faire un test à l’aveugle.

Si vous en faîtes un, cependant, veuillez ne pas le faire comme un jeu de société pour voir si oui ou non vous êtes capables de distinguer le film sur pellicule mais, voyez le plutôt comme une manière impartiale de réfléchir à la question: “S’agit-il effectivement de deux looks différents ou la pellicule a-t-elle été suffisamment bien simulé pour que l’on puisse affirmer que les caractéristiques fondamentales du look sont imputables à la manière dont l’image a été préparée pour être présentée et non au format auquel elles ont été enregistrées?”

Maintenant que vous avez regardé la comparaison en m’entendant parler tout le long de la vidéo, je vous suggère d’éteindre le son et de regarder la vidéo à nouveau dans le silence en portant toute votre attention sur l’image.